Etude sur la déportation des Juifs et Roms durant la Seconde Guerre Mondiale : présentation du groupe des sages et calendrier des travaux

Afin de faire toute la lumière sur le rôle de la Société Nationale des Chemins de fer Belge dans la déportation de Juifs et de Roms belges durant la Seconde Guerre Mondiale, la Présidente du Sénat et le Ministre Fédéral de la Mobilité avaient chargé le CegeSoma[1] de conduire une étude sur la question.

Le rapport final de cette étude[2], cofinancée par le Sénat et par le Ministre fédéral de la Mobilité, définit clairement les responsabilités de la Belgique et des chemins de fer d’alors dans ces convois de la mort. Entre 1942 et 1944, 28 convois organisés pour le compte de l’occupant allemand ont transporté 25.843 Juifs et Tsiganes de Malines vers Auschwitz. Seuls 1.195 d’entre eux en reviendront vivants. Ce travail de recherche révèle notamment que la société belge avait facturé ses services à l’occupant nazi.

L’Etat se devait de lever le voile sur ces heures sombres de son histoire. À présent, il nous appartient d’assumer collectivement les conclusions de cette étude et de définir les suites à y apporter. Sur proposition du Ministre de la Mobilité, le Gouvernement fédéral a mis en place un Groupe des Sages chargé de poursuivre les travaux. Equilibré à tous égards, composé de profils divers venus d’horizons variés, ce groupe de Sages dispose de toutes les qualités humaines et professionnelles nécessaires à cet exercice.

Françoise Tulkens, Présidente du Groupe des Sages : « Aujourd’hui, nous entamons un exercice inédit à plus d’un titre. Quelles suites donner à l’excellent rapport de Nico Wouters sur le rôle des Chemins de fer belges dans la Déportation ? Comment, 80 ans après, apporter réparation, et comment « transmettre » aux générations futures ?

Telle est la mission que le Gouvernement fédéral nous a confiée. Il s’agit avant tout, évidemment, d’honorer la mémoire des victimes. Tout ceci est un exercice d’humanité.

Le travail de Nico Wouters, rendu possible par le Gouvernement et le Sénat, tenait déjà lui-même de la réparation. Il est évident cependant qu’il faut aller plus loin. Il nous revient à présent d’évaluer quelles pourraient être les étapes suivantes. Nous allons nous faire conseiller, nous allons écouter les uns et les autres, toutes les parties prenantes, nous allons regarder ce qui s’est fait ailleurs. Dans le respect de chacune et de chacun. Et, à la fin de l’année, nous remettrons nos recommandations au Gouvernement quant à la façon, pour notre pays, d’assumer ses responsabilités.

Comprendre notre passé est essentiel pour que le pire ne se reproduise plus jamais. Assurément, ce travail est nécessaire aujourd’hui, alors que l’on constate, en Belgique comme ailleurs en Europe, une montée de la xénophobie, du racisme, de l’antisémitisme, une libération des discours de haine qui trop souvent déshumanisent l’« autre ». Ce contexte menace notre démocratie en ses fondements mêmes. Vérité, reconnaissance, réparation et transmission : plus que jamais,  tels sont nos devoirs. »

Le Ministre de la Mobilité : « L’étude sur le rôle de la SNCB de l'époque dans la Déportation a permis de lever le voile sur l’un des angles morts de notre Histoire. Nous avons la responsabilité de donner suite à ces révélations. Vérité, transmission, réparation : toutes trois sont de notre devoir. Comment cultiver notre devoir de mémoire, indispensable pour réparer les vivants et honorer les morts ? Comment transmettre cette vérité historique au public, en particulier aux jeunes générations ? Par respect pour les victimes et leurs descendants mais aussi dans un but de dépassionner le débat, j’ai proposé de confier ces questions au groupe des Sages rassemblé aujourd’hui. Sous l’égide du Sénat, ils pourront s’extraire du tumulte et de toute risque d’instrumentalisation pour mener leur mission dans les meilleures conditions. Je les remercie de s’être engagés dans cet exercice inédit de justice et de démocratie. Il est d’autant plus important alors que la haine, le racisme et l’antisémitisme marquent un retour aussi fracassant qu’inquiétant. À l’heure où la démocratie semble vaciller, il est crucial d’en rappeler les valeurs fondamentales de respect, de tolérance et de vivre-ensemble. Pour que jamais ne se reproduisent l’ignominie du passé et les pires actes d’inhumanité. »